La question des assurances auto
fait partie des mauvaises expériences que nous avons eues ici, à tel point que
je ne peux pas en parler sans me sentir énervée par la manière dont les choses
se sont passées ici pour nous !
En effet, nous avons eu par 3
fois l’occasion de faire appel aux assurances.
Lorsque nous avons acheté notre
voiture ici (malheureusement une seule voiture pour des questions de budget) et
que nous avons cherché à l’assurer, nous avons eu la mauvaise surprise de
constater que pour une assurance tout risque « classique » nous devions
payer presque 2 fois plus que les simulations sur internet. La raison en était
que bien que conducteurs depuis plus de 15 ans, nous étions considérés comme
« jeunes conducteurs » car nous n’avions pas d’historique de conduite
aux Etats-Unis (autre que les nombreuses locations de voiture lors de nos
voyages dans ce pays). Mais bon, on n’y pouvait rien, alors… Nous avons donc
pris une formule classique conseillée par notre interlocuteur chez cette grosse
compagnie d’assurance, GEICO.
La 1e fois que nous avons eu recours à l’assurance était
lorsque dans une rue assez déserte je faisais demi-tour (U-turn, chose très courante ici, bien plus qu’en France) et une
voiture a surgi de nulle part, en roulant très (trop vite) et elle m’a percutée
sur la portière gauche. J’avoue que j’étais assez choquée et j’ai demandé ce
qu’il fallait faire … à l’autre conducteur (probablement une mauvaise
idée !) J’ai donc appelé mon assurance et reconnu ma responsabilité, selon
les règles en vigueur en France (puisque c’est moi qui manœuvrais) :
grossière erreur ! En tout cas mon assurance a enregistré ma déclaration
et la semaine suivante nos 2 voitures avaient RV dans un garage pour être
réparées. J’ai payé les 250$ de franchise + environ 50$ de forgiveness (possibilité offerte au 1e accident pour que
l’assurance « passe l’éponge »). L’autre conducteur nous a ensuite
appelé pour nous remercier et nos expériences suivantes nous ont appris
pourquoi il était si reconnaissant ! J’ai vu ensuite sur la carte
d’assurance que mon assurance m’avait envoyé les conseils suivants :
What to do at the
time of an accident
- Do not admit fault.
- Do not reveal the limits of
your liability coverage to anyone.
- Exchange contact information;
get year, make, model, plate number, insurance carrier and policy number
of all involved. Also, identify witnesses and collect contact information.
- Contact the police or 911 if
applicable.
- Contact xxx (le
n° de téléphone)
Plutôt étonnant non ? Une
assurance française ne conseillerait jamais à ses adhérents de ne surtout rien
reconnaître ! Au contraire, avec le système du constat à l’amiable
et son corollaire (une caisse commune d’indemnisation entre toutes les
assurances) l’esprit est à la coopération et non à la mauvaise foi (même
si on trouve partout des gens malhonnêtes).
Malheureusement nous avons vite
appris que nous avions été trop « gentils » et bêtes dans cette
histoire, et que ce n’est absolument pas l’état d’esprit des américains sur la
route.
La 2e fois nous étions garés devant un parc, dans une rue
légèrement en pente. Lorsque nous sommes revenus à la voiture il y avait une
voiture qui s'appuyait sur notre pare-choc arrière, comme si le conducteur
avait oublié de mettre son frein à main ou comme si une autre voiture l'avait
poussé par derrière.
Lorsque l'autre conducteur est
arrivé il a tout nié (bien que nous lui ayons montré les photos que nous avions
prises). De même il a refusé au début de nous donner ses coordonnées mais a
fini par parler à notre assurance et donner ses coordonnées. Pour résumer, il
se trouve qu'il était assuré à la même assurance que nous, d'où probablement
son refus initial (il appliquait bien les recommandations!) et le fait qu'il
ait changé d'avis en parlant à "notre" assurance. Mais encore plus
embêtant: comme nous étions tous 2 à la même assurance, et que du coup
l’assurance était juge et partie, l'assurance a préféré nous déclarer
co-responsables et que chacun paie ses réparations !
La 3e fois nous sortions d'un mall.
La voiture devant nous attendait au stop, le conducteur a commencé à tourner à
gauche mais arrivé au milieu de la route il a changé d'avis, a fait marche
arrière et nous est rentré dedans. Il se trouve qu’un policier avait vu la
scène, a mis son gyrophare et est intervenu. Il a vérifié nos papiers
respectifs pendant une demi heure (appel radio, etc.) puis a rempli une sorte
de constat qu’il a donné à chacun de nous, sans que ce soit un
« rapport » officiel. Il avait aussi noté son numéro de téléphone en
cas de difficulté mais nous a dit it’s
not a big deal. Il nous a conseillé d’appeler directement l’assurance de
l’autre conducteur (une autre grosse compagnie d’assurance, USAA) et de ne pas
appeler notre propre assurance.

Ce conseil étonnant nous a fait
perdre beaucoup de temps. En effet j’ai appelé le lendemain l’assurance de
l’autre type qui apparemment n’avait fait aucune démarche et j’ai dû renouveler ma
déclaration une 2e fois, en perdant à chaque fois environ 2 heures…
Chaque déclaration était enregistrée et très détaillée, avec un focus particulier sur les passagers (les 4 enfants
étaient dans la voiture et l’agent d’assurance était très soucieux de me faire
dire et redire que les enfants, en particulier nos 2 plus petits n’avaient
rien, pour couper court j’imagine à des poursuites ultérieures …)
Mais USAA a joué la montre
pendant 3 semaines, en refusant de nous donner la moindre information si ce
n’est qu’ils n’arrivaient pas à mettre la main sur le témoin (le policier).
Nous avons donc fini par faire appel à notre propre assurance qui nous a fait
payer la franchise (250$ encore) en disant que s’ils arrivaient à faire payer
l’autre assurance, ils nous rembourseraient la franchise, mais que le dossier
pouvait rester ouvert jusqu’à un an ou plus !
Outre les sommes payées, ces
histoires nous ont « coûté » des heures de discussions au téléphone
avec les assurances (là où en France vous faites une seule déclaration de 5
minutes et that’s it !) Les
assurances restent le plus opaques et obscures possible. Et il semble que ce
soit véritablement la jungle en matière de détermination des responsabilités.
Lorsque je raconte ces histoires à des américains, ils sont
rarement étonnés. L’un m’a fait remarquer que la notion de « faute »
n’existe pas dans tous les Etats, et que dans certains Etats, dès qu’il y a un
accident, les 2 conducteurs sont co-responsables et paient leur franchise. Un
autre m’a dit « oui, c’est vrai que les gens ici sont toujours pressés sur
la route », argument que je trouve irrecevable. En effet, en France aussi
on est toujours pressé, on ne parle pas du Tibet ou je ne sais quel pays avec
un rythme de vie calme et un état d’esprit zen ! Et puis surtout cela ne
justifie pas la mauvaise foi sur la route et aussi par les assurances ! Et
un 3e a fait un parallèle intéressant entre la notion de community que j’évoquais précédemment et
l’état d’esprit civique sur la route en France. En effet, selon lui les
américains sont très respectueux de leurs communities
mais par contre se fichent totalement de leur prochain sur la route, alors que
nous faisons preuve de plus de civisme sur la route, quel que soit notre
interlocuteur !
Rétrospectivement, lors de mon 1e accident j’aurais dû
nier tout en bloc, refuser de donner mes coordonnées et ne faire aucune
déclaration, et peut-être même qui sait, insulter l’autre
conducteur pour son imprudence !
Finalement ces 3 mauvaises expériences nous ont amenés à changer 2
choses : d’abord nous avons révisé notre formule d’assurance à la
hausse. Désormais on paie plus cher pour une franchise de 50$ car même si on
conduit bien, on n’est jamais à l’abri de l’imprudence additionnée de la
mauvaise foi de l’autre. Et puis on s’est mis à la mode américaine : dès
qu’on se trouve dans une situation où l’autre conducteur pourrait faire une
manœuvre potentiellement source d’accident avec nous, on le klaxonne avec
insistance !
Libellés : Bien vivre ensemble, Français, La Conduite automobile