Savez-vous que le risque de
traumatisme crânien, en particulier chez les enfants (mais pas seulement) est
ici aux États-Unis un sujet de préoccupation majeur ? Pour avoir passé
plusieurs mois dans les hôpitaux américains (du côté des professionnels de la
santé), je peux affirmer que ce sujet est extrêmement pris au sérieux. Dès que
quelqu’un (et à plus forte raison un enfant) subit un choc à la tête, on lui
fait passer toute une batterie de tests neuropsychologiques d’évaluation, ainsi
que des IRM, électroencéphalogrammes et autres examens médicaux.
D’ailleurs le traumatisme crânien ou concussion fait partie des 13 critères (en tant que Traumatic Brain Injury) qui donnent droit à IEP (Individualized Education Program) ou une aide individualisée à l’école. A Baltimore, il y a même une Concussion Clinic, ce qui tend à confirmer l’importance accordée à ce sujet.
Il semble qu’il y ait eu un complet repositionnement face à ce sujet depuis une dizaine d’années… En effet, d’après ce que des neuropsychologues m’ont expliqué, auparavant on avait tendance à traiter le sujet un peu à la légère ; lorsque quelqu’un était victime d’un traumatisme crânien, on lui conseillait du repos… et puis c’est tout. Mais il y a eu plusieurs cas très médiatisés notamment dans le domaine sportif où la victime a malheureusement été réduite à un état végétatif, avec plusieurs dizaines de million de $ réclamés (et obtenus) par la famille… Du coup plus personne ne veut prendre de risque. Et il y a eu pas mal d’amalgames. Par exemple certains médecins, sans étude médicale sérieuse à l’appui recommandent le repos complet dans le noir pendant plusieurs semaines, en interdisant même par exemple aux parents de lire un livre à l’enfant (afin de lui éviter la moindre activité cérébrale). Evidemment ces recommandations excessives et fantaisistes conduisent l’enfant … à déprimer et à développer d’autres symptômes. Mais bon comme ça tout le monde se couvre : le médecin, l’école (et la ville), le club de sport…
De même un collègue m’a dit qu’en tant que parent d’élèves qui font du sport, il est invité tous les mois à suivre une conférence / échange organisées par le club de sport sur le sujet. Il y a donc une sorte de psychose autour de ce sujet.
Depuis que j’ai appris ces états de fait concernant le traumatisme crânien et le coup de projecteur dont il bénéficie ici, je me rends compte que nous avons eu beaucoup de chance il y a quelques mois en février dernier. En effet, nous étions retournés pour la 4e fois (en 8 ans) à notre destination de voyage favorite, Hawaii, lorsque mon fils aîné alors âgé de 8 ans a été « l’auteur » d’un accident. En effet il jouait au « foot » avec son père sur la plage (heureusement avec un softball, une balle en mousse) alors que je prenais un verre assise au bar de l’hôtel, juste en face. A un moment mon fils a mal visé et au lieu d’envoyer la balle vers son père, il l’a envoyée directement vers le bar, et une vieille dame assise à la table à côté de la mienne l’a reçue en plein sur la joue. En un clin d’œil j’ai vu ses deux filles bondir de leurs chaises, l’une courant vers le barman et l’autre vers sa mère. La 1e est revenue avec un sac de glace et … toute une équipe de l’hôtel : un médecin, un kinésithérapeute, un manager, et tous se sont amassés à ses côtés.
Pendant ce temps-là mon mari aussi s’était précipité vers la dame, pour voir comment elle allait et pour discuter avec elle… Je ne connaissais bien-sûr rien de la peur des concussions ici mais je pressentais bien que l’heure était grave et je nous voyais déjà poursuivis en justice… Mon mari s’est maintes fois excusé et a beaucoup discuté avec la vieille dame, qui finalement était raisonnable et gentille. Il a quand même fallu qu’il montre la balle en question au staff de l’hôtel et à la famille de la victime (la dame prétendait que c’était une balle de rugby…) et heureusement la vue de la balle en mousse a calmé les esprits. Mais les discussions ont quand même duré une bonne heure…
Nous avons recroisé cette famille le lendemain à l’hôtel, la vieille dame allait mieux et a gentiment discuté avec nous.
Depuis, j’ai eu la confirmation que nous l’avons vraiment échappé belle, car d’une part elle n’avait rien, et d’autre part elle était gentille et honnête et elle n’a pas essayé de tirer avantage de la situation. Ouf !
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