Mon
expérience de l'école française n'est pas nouvelle : mon fils aîné est
actuellement en CM1 et j'ai donc "pratiqué" l'école ici en France
depuis septembre 2008 (si on prend en compte l'école maternelle). Mais le
retour d'expatriation permet de voir les choses avec un œil neuf.
J'ai
donc actuellement 3 enfants fréquentant l'école républicaine : le 1e en CM1, le
2e en CP et le 3e en Petite Section de la Maternelle. Et je
voudrais parler ici de mon fils fréquentant la classe de CP.
En
effet, il a été à l'école aux Etats-Unis pendant la 2e moitié de la classe de
Grande Section de la Maternelle (Kindergarten) et la 1e partie de la
classe de CP (1st grade). Et c'est pour lui que cette expérience
scolaire a été la plus compliquée. Car c'est bien en CP qu'officiellement les
enfants apprennent à lire (en tout cas en France) et il y a bien des
différences entre l'apprentissage de la lecture et de l'écriture entre la
France et les Etats-Unis : de nombreuses lettres non prononcées (en français)
contre quasiment toutes les lettres prononcées (en anglais) et son corollaire, lecture
syllabique et mémorisation de syllabes clés (en France) contre phonétique (aux
Etats-Unis), écriture cursive (en France) contre écriture en script (aux
Etats-Unis), et de façon connexe, un accent mis sur la littérature et la poésie
(en France) contre un effort plus important mis sur les Maths (aux Etats-Unis,
en comparaison avec la France).
Quand
nous sommes revenus en janvier, mon fils ne savait pas lire en Français. En
effet mon mari et moi avions décidé qu'il avait assez à faire en anglais pour
ne pas le surcharger avec des cours en français à la maison. Et après les 1e
jours passés à l'école ici il était assez déstabilisé : il voyait bien qu'il
était bien derrière la moyenne des élèves de sa classe. Et j'avoue que moi
aussi j'étais un peu découragée : comment l'aider efficacement et rapidement à
combler son retard?
Mais
il a eu la chance d'avoir une professeure extraordinaire, qui bien qu'ayant
plus de 30 élèves dans sa classe a réussi à lui consacrer le temps nécessaire
et à lui donner les encouragements qu'il fallait. Tout d'abord elle l'a inscrit
en cours de soutien RASED (Réseau d'Aide Spécialisée aux Enfants en Difficulté).
Je connaissais vaguement cette filière d'aide aux élèves en difficulté et je
n'étais pas très rassurée d'apprendre qu'il participait à ces cours (1 heure /
jour, tous les jours d'école, au sein de l'école). Mais j'ai fait ce que nous
sommes censés faire : faire confiance à l'école. Je crois que
globalement les Américains interfèrent plus que nous dans les affaires de
l'école, demandent plus de "comptes" aux professeurs, interagissent
plus avec l'école et les professeurs... mais je sais d'expérience qu'en général
ici c'est pris comme une marque de manque de confiance et c'est plutôt mal vécu
par les enseignants... Alors on a accompagné les choses du mieux qu'on pouvait
: sans chercher à avoir des comptes détaillés (j'ai rencontré une fois
formellement la maitresse en début février plus quelques échanges informelles
devant la grille de l'école ...) et en l'aidant le soir pour ses devoirs.
Et
le résultat est plus que positif : les cours de RASED ont été arrêté avant
les vacances de février (seulement 8 semaines en tout) et il est aujourd'hui
capable de lire et écrire très bien. Bien-sûr le fait qu'il parle parfaitement
la langue l'a aidé à combler ses déficits par une recherche active du sens des
phrases. Et selon ses 2 professeures (régulière et de RASED) il a de très bonnes
capacités ... Il n'empêche : je suis admirative de la célérité et de
l'efficacité de l'ensemble du processus. Et par dessus tout, son moral
et sa confiance en soi ont été boosté à block tout au long de cette période de
rattrapage. Je crois que l'une et l'autre des professeures ont été exigeantes
mais très encourageantes.
Evidemment
le hic d'un point de vue américain est que malgré deux rencontres (celle en
février avec l'enseignante principale et une rencontre de bilan après l'arrêt
de RASED avec l'autre enseignante début mars), on a eu peu de retour sur ce
qui se passait au jour le jour à l'école. Cela pourrait se vivre par un
Américain comme un manque de communication entre l'école et la famille. Mais je
sais en tant que maman française que les enseignantes n'auraient pas aimé une
"intrusion" au jour le jour.