Au
vu des évènements de la nuit passée et suite à l’élection de D. Trump à la
présidence des Etats-Unis, je me vois dans l’obligation d’ajouter ces
précisions :
Les
Américains ont librement choisi leur nouveau président et en tant que personnes
extérieures se sentant proches des Américains on ne peut qu’en prendre acte. J’avais
écrit mon article dans la journée de mardi 8 novembre et je pense encore chaque
mot de ce poste. Il y a beaucoup de choses que j’aime aux Etats-Unis et que j’admire
chez les Américains. Par contre il est évident que suite à cette élection
inattendue, je me sens comme beaucoup dans l’expectative et a priori plutôt
pessimiste.
En ce jour d’élections
présidentielles américaines je pense à une question qu’on m’a récemment posée
sur nos motivations pour aller nous installer aux USA. En effet, qu’est-ce qui
fait qu’après avoir vécu et grandi en France, puis voir séjourné un an aux USA
suivi d’un retour de 2 ans en France, nous nous apprêtons à aller vivre (cette
fois à durée indéterminée) aux Etats-Unis ?
J’avais déjà fait un article sur
ce sujet en 2014, « dans le feu de l’action ». Mais plus de deux ans
près nous n’avons pas changé d’avis.
Il y a bien-sûr une part
subjective dans la réponse à cette question. Je vais donner ma vision des
choses, tout en sachant que d’autres pourraient vivre les choses différemment.
Pour ceux qui ne le savent pas
encore, nous sommes une famille de 6 personnes (mon mari et moi et 4 enfants
actuellement âgés de 3 à 11 ans). Nous avons vécu en 2014 à Baltimore,
Maryland. Comme tout expatrié nous avons dû nous accrocher pour retrouver des
repères et rétablir un quotidien. Nos enfants (alors âgés de 4 mois à 8 ans et
demi) ne parlaient pas anglais (sauf quelques mots appris à l’école pour
l’aîné).
Je me souviens être passée par une
phase de découragement au début, car notre démarche d’expatriation n’était pas
soutenue par des structures d’une entreprise par exemple et il a fallu tout
découvrir par nous-mêmes. Et on a beau voyager fréquemment dans un pays, on ne
connait pas grand-chose de la vie au quotidien dans ce pays. Et puis l’adaptation
a été inégale pour nos enfants : l’un d’entre eux a eu au début du mal à
s’adapter et a eu fortement le mal du pays. Cela a duré quelques semaines et la
sévérité et le manque de compréhension de sa maîtresse à l’école y a beaucoup
contribué, et ça m’a déstabilisée pendant les premières semaines.
Ce récit un peu détaillé de nos
débuts devrait convaincre le lecteur que notre attrait pour les Etats-Unis ne
relève pas d’une fausse légèreté ou d’une absence de difficultés aucunes sur
notre chemin.
Pourtant, nous avons rapidement
aimé vivre dans ce pays et nous y sommes sentis bien.
Ce
que j’ai particulièrement apprécié aux USA, c’est d’abord l’absence
de jugement et une moindre pression sociale : on a la liberté d’avoir
l’apparence qu’on veut, faire à peu près ce qu’on veut, quand on veut et
généralement tout le monde s’en fiche ! C’est d’ailleurs au départ un peu
déstabilisant ! On est moins « contenu » dans les normes
sociales. Il est aussi assez facile d’intégrer une ou plusieurs « communities » (ou cercles de
personnes ayant des centres d’intérêt communs). En France on fait souvent le
contre-sens de qualifier les Américains d’individualistes, alors que c’est le
système (d’emploi, de santé, etc.) qui l’est et non les personnes.
J’ai aussi beaucoup apprécié le
sens de la fête et des célébrations aux USA. Là-bas une fête chasse
l’autre ! Ça va vite et c’est parfois déconcertant. Je me rappelle par
exemple qu’à la radio on passait des chansons de Noël dès le lendemain de
Thanksgiving (et il y en a une quantité impressionnante) mais le 25 décembre,
plus rien ! On était passé à la suite.
On parle souvent du coût de la
vie aux Etats-Unis qui est un vaste sujet, où les comparaisons ne sont pas aussi
faciles et triviales qu’on veut le dire. Mais je me souviens que nous avons
réussi à trouver quantité de loisirs gratuits ou presque pour les enfants
(en particulier pour chaque fête et célébration) alors que j’ai eu plus de mal
à en trouver dans ma ville en France !
J’ai également apprécié aux USA
d’avoir souvent le choix. J’ai l’impression que dans l’esprit américain,
plus on a le choix, mieux c’est. Une conséquence de cela est sûrement l’esprit
consumériste (beaucoup de choix amène à zapper et à accumuler beaucoup de biens
matériels) mais cela peut aussi être intéressant de pouvoir choisir à sa guise
le bien ou le service (payant ou partiellement gratuit) qui vous convient.
La bonne humeur et la gentillesse
des Américains sont aussi contagieuses. Bien-sûr ils ont aussi des
hauts et des bas, mais ils ont comme devise sociale « fake it until you make it » ! Certes ça a ses limites
mais au moins les gens font moins « la tête » que chez nous en France
par exemple.
Enfin j’apprécie particulièrement
deux traits culturels des Américains : d’une part ils ont le sens de la
gratitude. En France ce terme a un côté religieux mais pas là-bas (en tout
cas c’est plus culturel que religieux). Cela conduit je crois à leur bien-être
car se remémorer les aspects positifs de sa propre vie, ça met de bonne
humeur ! Et puis le don et la générosité font partie du quotidien
des Américains. On fait souvent appel aux dons et tout le monde y participe. De
ce fait la société est moins dure qu’on ne l’imagine, car justement les lacunes
de l’Etat (vue de la France) sont en partie comblées par le soutien et la
générosité de tout un chacun.
Ce
que j’ai moins aimé aux USA, c’est le coût de certains postes de
dépenses, comme le budget de la santé, les colonies de vacances ou les
garderies et crèches par exemple. Mais je pense que cette impression vient en
partie lorsqu’une grande part de vos ressources aux Etats-Unis vient de la
France, comme ce fut notre cas en 2014. Le budget de la santé par exemple est
souvent pris en partie en charge par l’employeur américain. Bien-sûr pour les
personnes au chômage c’est un vrai problème.
Il y a encore un autre sujet qui
me déplaît beaucoup et fait peur aux Etats-Unis : c’est la question des armes
à feu. Je crois que pour les Américains, c’est un risque au même titre
qu’avoir un accident de voiture par exemple. Mais pour ma part j’essaie surtout
de ne pas y penser !
Enfin je trouve que les USA sont un
pays agréable où s’expatrier avec des enfants, car les Américains aiment
beaucoup les enfants (surtout les plus jeunes) et le montrent ! Ils sont
d’ailleurs très (parfois trop) permissifs avec eux et il m’est arrivé de me
demander là-bas si je n’étais pas trop sévère alors que cela ne m’arrive pas en
France !
Evidemment
pour réussir son expatriation aux Etats-Unis comme ailleurs je
pense qu’il faut d’abord se laisser du temps. Même si l’expatriation est
voulue, il y a forcément un temps d’adaptation et de déstabilisation pour tous
les membres de la famille. Il faut être patient avec soi (ce qui n’est pas
forcément le plus facile !) et présent pour les enfants en particulier. Il
faut aussi bien parler la langue du pays ! Cela peut paraitre
évident mais on a beau être « fluent », comprendre au jour le jour
les subtilités des conversations nécessite un peu plus. Je trouve d’ailleurs
dommage de ne pas essayer d’apprendre ou d’approfondir la langue du pays
d’expatriation, sauf si on n’est que de passage. Enfin, si on est là, on a
sûrement l’ouverture d’esprit qui permet de dépasser les premiers heurts
et chocs culturels.
En ce qui nous concerne, nous
abordons notre nouvelle expatriation aux Etats-Unis avec beaucoup
d’enthousiasme et même si aucun pays n’est parfait, il nous semble que les USA
sont un pays agréable où poser ses valises pour plusieurs années ou plus :-)
Libellés : Bien vivre ensemble, Français