Les Américains se préoccupent
beaucoup (certains diraient « stressent beaucoup ») à propos de ce
que font leurs enfants, ce qu’ils mangent, les savoirs qu’ils acquièrent
(notamment à l’école) et les activités qu’ils pratiquent. Les Français, moins.
Mais ils ne sont pas tout-à-fait en reste.
Il y a ceux qui veulent leur
faire essayer un maximum d’activités extrascolaires et passent leur temps à les
véhiculer d’un endroit à un autre, ceux qui vont les chercher tous les midis à
l’école pour qu’ils mangent à la maison avant de les ramener « parce que
la cantine, c’est pas bon », ceux qui font des pieds et des mains pour
trouver des nounous et baby-sitter bilingues anglais-français (voire trilingues
ou plus) pour leurs bébés et plus grands enfants.
Je comprends tous ces parents.
Ces comportements partent toujours d’un bon sentiment : donner à ses
enfants les meilleures chances dans la vie. On pense que le bonheur présent et
futur de nos enfants dépend de nous et on aimerait leur faciliter le parcours.
Parfois c’est excessif, mais le bon équilibre à trouver dépend de chaque
famille.
Mon mari et moi avons dès le
début essayé de trouver notre juste équilibre selon notre propre définition des
choses. Nous avons voulu ouvrir des horizons à nos enfants sans pour autant
courir après « l’excellence » à tout prix et en toute chose (ce qui
nous paraît être une illusion). Du coup nous avons essayé d’offrir à nos
enfants la possibilité de pratiquer des activités extrascolaires sans les
multiplier à l’envie. Le but est que cela reste dans certaines limites et que
nous puissions préserver notre santé physique et notre équilibre mental !
Or il arrive de temps en temps
qu’on se fasse critiquer ouvertement ou à demi-mot pour les choix qu’on fait
concernant ses enfants. Cela fait partie des expériences des nouveaux parents.
Cela m’est bien sûr arrivé plus
d’une fois et j’y suis relativement indifférente maintenant. J’avoue m’y être
adonnée aussi quelques fois à mes débuts en tant que parent. En fait je suis
maintenant convaincue qu’il n’y a pas de bons ou mauvais choix concernant les
enfants (je parle bien-sûr ici de parents soucieux de leurs enfants et de leur
bien-être). Tout choix comporte son revers de la médaille et ceux qui voient
les choses en noir et blanc sont généralement ceux qui ont besoin de se
rassurer.
Par contre ceux que j’ai du mal à
supporter, ce sont ceux qui critiquent vos choix concernant vos enfants pour
vous atteindre. Il ne s’agit plus là d’un manque de confiance en soi, mais de
la méchanceté pure.
Ça m’est arrivé quelques fois, et à chaque fois je trouve
cela particulièrement déplacé, un peu comme quand on critique quelqu’un pour sa
taille, son poids, ses lunettes ou ses choix vestimentaires juste parce qu’il a
involontairement agacé son interlocuteur.
Par exemple récemment on m’a fait
des remarques sur le nombre d’activités de mes enfants, non pas dans un excès
de gentillesse vis-à-vis de leur fatigue éventuelle, mais simplement parce que
j’avais agacé ces personnes.
Notre ligne directrice dans notre
famille est de permettre à nos enfants d’avoir une activité physique et une
activité artistique, dès lors qu’ils sont raisonnablement grands (soit à peu
près à partir de 4-5 ans). Nos 3 garçons sont inscrits au Conservatoire (pour
une activité musicale) et à un cours de natation hebdomadaire (que nous avons
heureusement réussi à caser tous les 3 dans le même créneau horaire les samedis
après-midi !)
Mais cette année des imprévus se
sont greffés à ces emplois du temps relativement raisonnables :
-
au cours des derniers mois chacun d’eux a eu
besoin de suivre à un moment ou à un autre des séances d’orthophonie,
-
pour les 2 plus grands les cours au Conservatoire
comprennent au moins 3 séances obligatoires hebdomadaires mais aussi au moins
une ou 2 autres fortement conseillées par les professeurs. Nous avons cédé aux
pressions amicales des professeurs et avons rajouté un cours optionnel pour
chacun des deux : orchestre pour le plus grand et chorale pour le 2e,
-
une fois que l’inscription à la piscine avait été
définitivement ficelée et payée, deux de nos garçons nous ont carrément
suppliés de reprendre le foot (qu’ils avaient décidé d’arrêter en fin d’année
dernière).
Du coup il ne reste plus beaucoup
de place à l’imprévu dans notre emploi du temps familial. Mon mari ou moi devons
tous les soirs véhiculer au moins un enfant à au moins une activité, sauf les
dimanches (ouf !). C’est tendu mais cela reste gérable. Par contre quand
on ajoute encore des imprévus (tels que des spectacles organisés par les écoles
ou une de ces activités), il faut parfois faire des choix.
Environ 2 fois par trimestre le
groupe d’orchestre de mon fils aîné donne un concert à l’attention des parents.
Ces concerts ont généralement lieu les mercredi après-midi, ou les samedis
après-midi : 1h30 de répétitions suivies d’environ 1h de concert. Mais mes
enfants ont d’autres activités pendant ces après-midis. Ces
« extras » sont donc généralement difficiles à caser dans l’emploi du
temps global de la famille. Nous faisons cependant de notre mieux pour pouvoir
assister à ces spectacles.
Or lors du dernier concert, il nous
a fallu partir à l’entre-acte, juste avant qu’un autre groupe se produise, ceci
pour emmener les garçons à leur séance de piscine hebdomadaire. On avait dûment
prévenu la professeure concernée. Pourtant au moment de partir, d’autres
membres du staff nous ont dévisagés quand nous sommes sortis. Je me suis sentie
obligée de donner une explication : dire en gros qu’on ne partait pas par
impolitesse vis-à-vis des camarades de l’autre groupe, mais pour honorer un
autre RV. Or je les ai entendus murmurer dans notre dos « ces enfants ont
des emplois du temps de ministre » et quand je me suis retournée, je les
ai vu hocher la tête en désapprobation.
C’est peu et c’est beaucoup. Car
si je voulais polémiquer (et surtout si je n’étais pas pressée !) je leur
aurais rétorqué que si je n’étais pas convaincue du bienfait des activités
extrascolaires, je ne m’obligerais pas à amener mon fils 3 après-midis dans la
semaine pour 4 séances de cours au Conservatoire au total, sans parler des
« extras » que représentent les auditions individuelles et les
concerts. Que la solution de facilité serait de couper complétement le
Conservatoire de notre emploi du temps. Et donc qu’ils étaient mal placés pour
nous critiquer.
Entendre ou comprendre des
critiques formulées à demi-mots par d’autres parents sur ses principes
éducatifs est désagréable. Mais je m’efforce généralement d’y voir la marque
d’un parent désemparé qui a besoin de se rassurer en se convainquant que lui
est dans le vrai alors que l’autre parent a tort. Mais quand en plus la
critique est uniquement faite comme un coup bas, de la rhétorique pure, cela
dépasse mon seuil de tolérance et pénètre ma peau endurcie de parent
aguerrie !
Libellés : Education des enfants, Français