Actuellement nous sommes dans une
période d’épidémie de grippe en France. Tous les jours ou presque on nous parle
dans les médias de l’afflux des patients aux services d’urgence, du fait que
les hôpitaux sont surchargés ainsi que du décès de plusieurs patients très
âgés, dû à la grippe.
On nous dit que la fenêtre de tir
pour une vaccination efficace est passée et on entend de nombreux spécialistes
s’indigner contre le refus d’une grande partie de la population de se faire
vacciner. De nombreuses hypothèses
explicatives sont formulées, mais la méfiance d’une partie de la population vis-à-vis
des vaccins en fait partie.
Personnellement
je suis pour la vaccination contre les maladies les plus graves. Mes
enfants ont eu l’ensemble des vaccins obligatoires ainsi que ceux uniquement
recommandés (et moi-même depuis mon enfance). Je trouve en effet qu’il serait inconscient d’exposer ses enfants à des
maladies très graves qui ont fait tant de victimes au cours des décennies
précédentes, et même si le risque d’attraper ces maladies est statistiquement plus
faible aujourd’hui qu’autrefois, cela ne vaut pas la peine de prendre ce
risque, même infime.
Par contre en ce qui concerne la
grippe, je ne me fais pas vacciner. Les deux seules fois où je l’ai fait
c’était au moment de l’épidémie de grippe H1N1 en 2009 (où on s’est fait
vacciner en famille), ainsi qu’en 2014 où pour
mes immersions dans les hôpitaux de Baltimore on m’a imposé de le faire. J’estime
que ne faisant pas partie des populations à risque, cela ne vaut pas la peine
de s’exposer au virus de la grippe et vivre l’inconfort d’une maladie atténuée
pendant 2 ou 3 semaines (juste après la vaccination). C’est peut-être un peu
égoïste vis-à-vis des populations les plus fragiles mais personnellement je
n’en fréquente pas. Et en pratique il ne faudrait pas grand-chose pour me
convaincre de me faire vacciner pour cela aussi !
Je
sais également que certaines personnes ont des contre-indications médicales et
tous ne peuvent pas se faire vacciner. Cependant je trouve que
globalement les vaccins sont une découverte majeure de la médecine et sauvent
des centaines de milliers de vie chaque année dans le monde. Je suis entièrement convaincue par
l’utilité des vaccins, notamment pour les maladies les plus graves.
Cela
étant dit, je suis perplexe face à plusieurs incohérences que j’ai pu
constater :
-
La
différence de politique de vaccination pour les professionnels de santé entre la
France et les USA
J’ai
appris au cours du remue-ménage médiatique de ces derniers jours que depuis 2006 les personnels de santé en
France, notamment à l’hôpital, n’ont pas l’obligation de se faire vacciner
contre la grippe ! Il semblerait que par exemple seulement 25% des médecins et 10% des paramédicaux à l’AP-HP (Assistance
Publique – Hôpitaux de Paris) le sont.
Du coup non seulement ils peuvent véhiculer le virus d’un patient à l’autre,
mais en plus ils peuvent eux-mêmes tomber malades et leur poste est alors
vacant ou difficilement remplacé, surtout dans ces périodes d’épidémie.
Je me
souviens que pour mes immersions dans les hôpitaux de Baltimore, on m’a demandé
entre autres choses expressément de me faire vacciner (2 injections). C’était
imposé et il n’y avait aucune discussion possible.
-
Le
calendrier de vaccination et le nombre d’injections sont différents entre la
France et les Etats-Unis
Peut-être
un peu naïvement je pensais que le calendrier de vaccination était homogène et
partagé entre tous les pays. Or il n’en est rien. Je me souviens qu’en 2014,
pour faire inscrire nos enfants à l’école et à la crèche, il a fallu produire
leurs carnets de vaccination. Les
vaccins obligatoires sont plus importants dans l’Etat de Maryland qu’en France. Mais comme nos
enfants étaient aussi vaccinés pour les vaccins uniquement recommandés (et non
obligatoires) en France, ils étaient à jour.
Cependant pour un des vaccins (je ne
me souviens plus exactement lequel, il faudrait que je me reporte à mes notes
de l’époque) mes enfants avaient reçu
uniquement 2 injections (selon le calendrier français) et non 3 (selon le
calendrier du Maryland). Il a fallu qu’un pédiatre américain atteste que
mes enfants étaient correctement vaccinés pour que l’école les accepte.
J’avoue
que ces écarts, entre 2 pays si proches tels que la France et les Etats-Unis
m’ont laissée perplexe.
-
Traitement
différencié du vaccin BCG
Lors de notre séjour à Baltimore j’ai aussi
appris avec étonnement que les Américains ne reçoivent pas le vaccin BCG.
Apparemment les Américains estiment qu’introduire ce virus dans le corps des
individus peut laisser des traces et s’avérer dangereux. Or j’avais été
vaccinée dans mon enfance. Afin de
pouvoir travailler à l’hôpital, il fallait que je réagisse négativement au test
de la présence du virus de tuberculose (test cutané PPD). Etant vaccinée,
ce ne fut pas le cas. La consigne dans
ce cas (assez répandu chez les personnes d’origine étrangère) est alors de
faire une radio des poumons. L’hôpital prenait heureusement en charge cette
radio que j’ai alors passée.
Là encore
cet écart de politique de vaccination m’a surprise.
-
Traitement
différencié de la varicelle
En France
on ne vaccine pas les enfants contre la varicelle. Le message de santé publique (que les
pédiatres de nos enfants nous ont parfaitement répété) est qu’étant donné qu’on
ne peut jamais obtenir une vaccination de 100% de la population ET que la
maladie n’est pas trop grave, il vaut
mieux laisser les enfants attraper la varicelle, car une fois que c’est fait,
ils sont immunisés à vie.
Mes 3 premiers enfants ont tous attrapés la
varicelle à la crèche. C’est une maladie très embêtante comme chacun le sait,
mais ils s’en sont sortis comme la plupart des enfants c’est-à-dire très bien.
On sait également qu’aux Etats-Unis on vaccine
contre la varicelle. Ma fille de 4 mois (au moment de notre arrivée) n’avait
pas encore attrapée la maladie. A la crèche on nous a demandé un justificatif
de vaccination contre la varicelle, mais nous avons temporisé autant que nous
avons pu, sachant que nous revenions au bout d’un an en France. Mon mari et moi étions sincèrement
convaincus que c’était mieux pour elle, comme on nous l’avait dit en France.
J’étais
cependant intriguée et un peu perturbée par les nombreuses campagnes de télé
incitant à la vaccination contre la varicelle, faisant état du fait que le
virus de la maladie reste dans le corps même après la guérison et peut se
transformer en zona, maladie chronique très douloureuse et pour laquelle il n’y
a pas de traitement.
De retour en France, notre nouvelle pédiatre ne
nous a également jamais proposé de vaccination. Mais un an après je suis tombé sur un article médical français parlant du
zona avec des chiffres alarmant : plus de 50% des plus de 70 ans souffrent
de zona, virus en rapport avec celui de la varicelle ! Lorsque j’ai
interrogé la pédiatre elle m’a dit « oui tout-à-fait ! D’ailleurs
j’ai vaccinée mes jumelles dès que possible ! Il parait d’ailleurs que le virus de la varicelle peut parfois occasionner
des complications assez graves, ce qu’on ne dit pas non plus aux nouveaux
parents. »
Quand je
lui ai dit que je pensais faire vacciner ma fille, elle m’a encouragé, alors
que pas une seule fois elle ne nous l’avait proposé auparavant !
Selon
elle, si les pouvoirs publics n’encouragent pas à la vaccination contre la
varicelle, c’est aussi une question de coût.
Je suis sûrement un peu naïve, mais quand
j’entends que notre santé est évaluée sous l’angle de son coût alors qu’on
parle sans cesse de l’excellence du système de santé français, je suis frustrée.
La médecine n’est pas une science exacte mais je pense qu’un
peu plus de cohérence et d’homogénéité (notamment entre les pays) pourraient
convertir quelques sceptiques. Quand un homme politique n’arrive pas à faire
passer son message, il dit généralement « il faut qu’on fasse plus de
pédagogie ». J’ai toujours détesté ce mot-valise qui sous-entend que les
gens sont trop bêtes pour comprendre les choses par eux-mêmes, mais pour une
fois je trouve qu’un peu de « pédagogie » serait la bienvenue !
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